Ceci est la meilleure lettre en faveur des requins que j’ai pu lire jusqu’a présent.
Comme vous le savez peut-être, un requin a attaqué récemment un surfeur sur l’Île de la Réunion et depuis, la politique sur l’île semble être de vouloir a tout prix réduire de manière drastique le nombre de requins tuer tout ce qui a un aileron sur le dos et de grandes dents.
Ce texte vient directement du site de LONGITUDE 181.
Vous trouverez le site de cette tres bonne association ICI
Et vous trouverez la Charte du Plongeur Responsable ICI
Lettre aux Surfeurs et à ceux qui veulent éliminer les requins | |
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Samedi 18 Août 2012 de François
Amis surfeurs et amoureux de la mer, L’océan est le dernier grand territoire sauvage de notre planète, le dernier grand espace de liberté. Sa puissance, sa beauté brutale, ses dangers nous fascinent parce qu’ils échappent à notre contrôle… Nous aimons la mer parce qu’elle est riche d’une vie sauvage indomptée qui nourrit nos rêves. Les requins sont les symboles de cette nature insoumise. Pourtant, après chaque accident impliquant un requin, certains réclament leur élimination. Cette demande nous interpelle tous. Car au delà de la question de l’extermination des requins, elle nous interroge sur le monde dans lequel nous voulons vivre et sur les Hommes que nous voulons être. Souhaitons-nous vivre dans un monde contrôlé, aseptisé ? Souhaitons-nous un océan-piscine pour y consommer nos loisirs nautiques ? Ou souhaitons-nous vivre, responsables et donc libres, dans un monde dont la richesse est précisément son irréductibilité, sa diversité, son imprévisibilité ? Les vagues monstrueuses que les plus grands surfeurs affrontent laissent penser que leur bonheur vient justement de ce que, conscients et responsables, ils assument les risques de leur pratique talentueuse. Ils expriment ainsi leur liberté. Plus généralement, en mer, ce ne sont pas les requins qui sont dangereux, c’est la mer elle-même ! 380.000 personnes meurent noyées chaque année, soit plus de 40 personnes par heure, comparés aux 10 décès par an dus aux morsures de requins. Pour prévenir une telle hécatombe, doit-on interdire la baignade? Où doit-on apprendre la mer, ses courants et ses vagues ? et assumer, en adulte, les risques inhérents à toutes activités pratiquées en milieu hostile ? Pour prévenir les très rares morsures de requins (moins d’une centaine), doit-on les éliminer ou, doit-on apprendre que, lorsqu’ils chassent le soir, en eau trouble, les requins peuvent confondre le surfeur avec une proie ? Le marin reste au port lorsqu’il y a un avis de tempête, pourquoi le surfeur ne renoncerait-il pas se mettre à l’eau quand les circonstances ne s’y prêtent pas ? Pourquoi, contrairement aux alpinistes, aux skieurs, aux plongeurs, les surfeurs seraient-ils dispensés de connaître et de respecter le milieu dans lequel ils exercent leur talent ? Quant à ceux qui pensent que les requins ne « servent à rien » … Et puis, est-il vraiment nécessaire de savoir « à-quoi-servent » les créatures vivantes pour les préserver ? Se pose-t-on la question pour les œuvres d’art ? C’est parce qu’elles ne servent à rien, qu’il est indispensable de permettre aux créatures les plus abracadabrantes d’exister… Car si nous devions entrer dans un monde où seul l’utile et le rentable seraient conservés, que garderions-nous ? Qui garderions-nous ? En revanche, si nous savons faire une place au requin, au loup, au tigre, au gorille et à l’éléphant, à tous les animaux encombrants, à tous ceux qui sont insignifiants, à tous ceux dont nous ignorons jusqu’à l’existence, alors nous saurons aussi respecter chacun d’entre nous dans sa différence. Chaque fois qu’une espèce disparaît, chaque fois que nous massacrons en cédant au désir de vengeance, c’est un peu de notre Humanité qui disparaît… Après 40 ans d’exploration sous-marine, après avoir côtoyé librement des grands requins blancs et en avoir éprouvé une joie et une paix intense, je souhaite affirmer que les requins ne sont pas des monstres, mais que l’avenir sans eux pourrait être monstrueux… Ils sont les garants de notre liberté et de notre Humanité. François Sarano, Océanologue, plongeur professionnel, |
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